
Titre : Antechrista
Auteur : Amélie Nothomb
Ma chronique :
Antechrista traite du thème du harcèlement moral entre deux jeunes filles de seize ans. Très vite, on distingue les deux personnages principaux par leurs différences de traits de caractère.
La première, Blanche, est très bonne élève. Elle adore passer du temps à lire seule dans sa chambre, mais n’est pas une professionnelle de la relation sociale. Effacée, timide, réservée, elle n’a jamais eu d’ami. Ses centres d’intérêt font d’elle une enfant qui ne répond pas aux « standards », et elle se démarque par sa singularité vis-à-vis de ses camardes, qui la rejettent.
La seconde, Christa, est l’archétype de la peste prétentieuse et profondément méchante envers les autres, qu’elle adore rabaisser pour mieux se mettre en valeur. Imbue d’elle-même, elle est jolie et en est bien consciente. Vicieuse, elle adore se comparer, surtout aux plus faibles. Au fil du roman elle ira jusqu’à s’inventer une vie et commencer à y croire, telle une mythomane en puissance.
Ce roman est très bien construit. D’abord, on assiste, plutôt ravi, à la rencontre en Blanche et Christa, qui paraît vouloir devenir son amie. Mais, on se rend rapidement compte que cette dernière ne côtoie Blanche que par intérêt tant elle se montre piquante à son égard et ne l’aide pas à s’intégrer. Réflexions sur son physique, sur sa manière de se vêtir, sur ses activités favorites, sur sa sexualité inexistante… Tout est bon pour la critiquer et la rabaisser.
Ainsi, lorsque Blanche invite Christa à venir dîner chez elle et rencontrer sa famille, on craint le pire. Et on n’est pas déçu ! On assiste, incrédule, à la mise en place de la manipulation de Christa, qui réussit son coup et fait plus que bonne impression aux parents. Ils la mettent sur un piédestal devant leur propre fille, qu’ils n’hésitent d’ailleurs pas à rabaisser : « Blanche a toujours été trop sage (…) Il faudra que tu nous la sortes ». Ou encore : « apprends-lui un peu la vie ». Blanche bouillonne intérieurement, mais est figée et ne fait rien d’autre que de subir la situation. Le summum de la perfidie est atteint lorsque les parents de Blanche vont proposer à Christa de l’héberger à chaque fois qu’elle le désire. Blanche sait qu’elle va perdre sa liberté.
Christa s’installe plusieurs soirs par semaine chez Blanche, la délogeant de son propre lit, lui imposant sa propre musique et… ses posters ! Pourtant, comme le dépeint parfaitement Amélie Nothomb, la difficulté pour Blanche reste de savoir ce qu’elle ressent vraiment envers Christa. En effet, même si elle voit bien que son comportement n’est pas correct envers elle, elle est perdue dans ses sentiments car elle idolâtre la jeune fille qui la torture psychologiquement. Au fond, elle aimerait lui ressembler.
N’en pouvant plus de subir la situation, Blanche finira quand même par réagir. Un véritable retournement de situation s’effectue alors, et Christa, pour se venger, poussera encore un peu plus le vice pour isoler Blanche.
Le dénouement est, comme le roman, tout en subtilité.
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